Laudatio 2013

Jean-Pierre Rochat, L’Écrivain suisse allemand, Ed. d’Autre Part.

Laudatio par André Wyss, président du jury.

Monsieur le Président,

Merci de nous accueillir une nouvelle fois. La générosité du Cercle à l’endroit du Prix Dentan fait que son jury a trouvé des racines : c’est dans ce salon que nous avons nos séances depuis pas mal d’années maintenant, et c’est sous l’inspiration de ces lustres que nous tâchons de trouver une espèce de lumière qui soit à l’avantage de la littérature romande. Loin du Cercle, nous ne serions pas tout à fait les mêmes.

Quant à savoir si nos décisions ont été les bonnes, depuis toutes ces années que le Dentan existe, on pourra sans doute en juger à la lecture du numéro spécial que la Revue de Belles-Lettres a consacré à notre prix et à ses lauréats l’automne dernier. Le volume et un dépliant publicitaires sont ici à la disposition du public intéressé. Ce numéro a été édité entre autres personnes par un des nôtres, à savoir Marion Graf, et publié avec l’appui du Prix Dentan, grâce à la générosité d’un autre mécène, la Fondation Coromandel.

 

Chère Madame Dentan, chère famille Dentan, chers auteurs, éditeurs, liseurs, lecteurs, membres du jury, Mesdames et Messieurs,

Cher Lauréat,

A la page 30 de L’écrivain suisse allemand, il y a ce bout de phrase : j’avais pas le don du discours, le plaisir dans la voix comme il y en a une que j’entends encore. Je ne vais pas cacher que j’ai beaucoup de plaisir à faire des discours, surtout les éloges des lauréats du Dentan. Et tout particulièrement aujourd’hui, on devrait entendre dans ma voix quel plaisir je prends à louer L’écrivain suisse allemand.

Procédons. A la page 55 de L’écrivain suisse allemand, on lit : « ne sous-estimons pas le merle », et c’est une notation qui n’a rien à voir avec l’ornithologie, mais qui a tout à voir avec la poétique. « Le chant du merle est si familier que parfois on ne l’entend plus », note le narrateur, cependant que lorsqu’on entend la grive musicienne, « on se redresse le printemps, on monte dans le printemps ». Et certes, celui qui compare les chants du merle et de la grive musicienne, le paysan narrateur du livre, qui se remémore son amitié avec l’écrivain suisse allemand, se croit merle et il voudrait devenir grive musicienne. En fait, grive musicienne, il l’est, et il ne lui manque que de le découvrir. On ne doute pas qu’il le soit, par exemple quand on entend le chant qu’il entonne en l’honneur des yeux de sa femme, cette femme dont il nous a dit plus d’une fois qu’elle était belle, mais qu’on a vue aussi revêche, violente, terriblement agreste :

rien que de la voir, elle, son large sourire, ses yeux un peu naïfs, sa façon de rapercher ses gamins. Son regard – on y met ce qu’on veut dans le regard, on interprète, mais elle insiste, même au dernier moment elle en jette un der­nier et l’interrogation reste en suspens comme une bulle de sa­von qui veut pas éclater en l’air. J’avais dit, j’avais pensé, je m’étais dit, ces yeux sont beaucoup trop grandioses pour moi, ça crève les miens que n’importe qui tombe sous le charme et qu’elle en joue impunément. Réduit en esclavage, t’es pris comme un gros ours dans un piège, tu peux plus te retourner, t’es pris dans ce regard gris, mais gris pas normal, argenté et puis foncé et puis virant à l’eau de source où on se jette nu pour attraper des truites.

Oui, la rareté de ce ton dans le livre fait ici son prix. Mais non, on ne doute pas que cet oiseau-là ne soit un chanteur et capable de bien des registres variés, mais le sait-il ? En tous les cas, il a besoin de le découvrir sans qu’on le lui montre, et par là, non d’une autre façon, de devenir écrivain.

Devenir écrivain quand on est paysan, c’est ce que raconte le livre qui reçoit Prix Dentan, cette année. C’est cela, et non pas, comme voudrait nous le faire accroire l’édi­teur, qui est un rusé, « l’amitié improbable d’un paysan de mon­ta­gne et d’un écrivain à succès ». Ou alors très accessoirement. Le paysan avec ses biens de mainmorte reçus par fidéicommis (53 hectares de pâturages boisés, 15 hectares de prés), mais liseur, et l’écrivain suisse allemand, avec ses livres à succès au sujet futile (des guides des plus belles plages dans le monde entier – et l’on n’ima­gine pas comment de tels livres peuvent faire de leur auteur un écrivain reconnu jusqu’au conseil fédéral et surtout jusque dans les parages du Prix Nobel), mais écrivain qui aime aussi traire les vaches, le paysan liseur et l’écrivain trayeur donc sont faits pour se connaître dans la vraie vie et se reconnaître dans l’art de la rhétorique. C’est la fable du foyard et du plaqueminier.

Les 130 et quel­ques pages de L’écri­vain suisse allemand racontent surtout comment le nar­ra­teur devient auteur de roman, et très exactement l’auteur du roman que nous lisons. De même, la Recherche du temps perdu raconte sur 3000 pages comment Marcel devient écri­vain et l’auteur du livre que nous lisons, alors qu’on a pu croire tout au long du récit qu’on lisait les mémoires d’un oisif très doué. Vous ne vous attendiez pas à entendre parler de Marcel Proust aujourd’hui, Mesdames et Messieurs. Oui.

Le narrateur de Rochat comme celui de Proust nous dit aussi pourquoi et comment il devient cet auteur, de sorte que son livre, comme la Recherche, n’est que très apparemment un récit, il est plus exactement, et bien plus profondément, un traité de littérature. Un traité dont le sujet général est « qu’est-ce que la littérature », et dont le sujet particulier est Faut-il des poètes sur l’Alpe ? De « Pour écrire un roman il faut être tellement souffrant que je n’y arriverai jamais » à « Oui, tout va bien, on est assis, et on peut se regarder … », en passant par « J’aimerais devenir écrivain » (début du chapitre X) et « Je m’y suis remis à l’automne » (début du chapitre XII), mais aussi par « J’avais pas envie de raconter, c’était trop long, moi j’avais envie d’écrire, d’aller directement à la littérature », et par « A l’enterre­ment, je n’étais pas fatigué, mais après, je voulais ren­trer, devenir poète », – il est certes question de toutes sortes d’événements – la mort d’un écrivain pas androgame pour un sou, son enterrement, l’escapade sexuelle en Alsace de sa veuve et de son ami paysan, et pas mal de personnages – le paysan, l’écri­vain, la veuve de l’écri­vain, la femme du narrateur et sa belle-sœur, la biographe de l’écrivain, sa se­cré­taire, son éditrice, la médecin-légiste, la femme du maître boucher, j’en passe. Mais ces faits et ces personnages (deux hommes et bien des femmes, vous l’aurez noté) ainsi que maints souvenirs qui leur sont liés, ont pour but de nous faire plaisir et pour fonction de nous faire réfléchir à la littérature.

Oui, j’ai lu L’écrivain suisse allemand comme un roman. Et certes, je me souviens de la Vénus mélanoderme qui fait sa toilette intime dans le pâturage, devant la caravane, je me souviens de la femme du paysan et de sa sœur qui jouent les pétroleuses pétaradantes dans une espèce de Viva Maria ! sur l’Alpe, je me souviens de la poétesse du troisième âge qui se rit de ses vers avec la paysanne tout d’une pièce, je me souviens des traiteurs qui servent le champagne dans un cimetière, je me souviens de la femme de boucher nymphomane, je me souviens de l’écrivain et du paysan qui cheminent de conserve jusqu’au bout du pâturage qu’on ne visite que trois fois l’an, je me souviens de l’écrivain et du paysan qui se tutoient parfois quand ils devisent de concert, je me souviens d’une interview dans l’étable – et tout cela fait infiniment plaisir, nous tient en haleine et nous amuse, et tout cela fait un roman, c’est sûr, et des plus plaisants.

Mais quand de tous ces incidents, de toutes ces circonstances surgissent des réflexions sur l’écriture, la lecture, la littérature, ce sont les mots en –ture qui prennent l’avantage. Et ils nous frappent parce qu’ils surgissent toujours d’un moment du récit, ils prennent de la force parce qu’ils restent en phase avec le récit, et c’est parce qu’on est pris par surprise qu’on y adhère. Citations :

Voilà le vrai exercice de mémoire, jusqu’à quand arriverai-je à garder la beauté si je la transcris pas tout de suite ?

J’avais largement de quoi être poète avec ce qui m’entourait, en introduction je disais : ne sous-estimons pas le merle, le chant du merle est si familier que parfois on ne l’entend plus, on n’y fait pas gaffe et c’est le début de l’indifférence, une sensibilité qui s’est perdue, comme l’odorat avec le rhume, l’enrubanné du nez et puis la grive musicienne, le coucou, on se redresse le printemps, on monte dans le printemps, encore trois petits tours.

Dans mon roman faudra que je fasse gaffe avec les vaches, c’est vite familier quand on vit trop près, simpliste ou simplet.

Tout d’un coup je comprends ce que l’écrivain suisse allemand voulait dire par « chercher une voix personnelle », une voix off. Comme la voix caressante d’une paysanne de l’autre côté de la vallée, par exemple.

Ce dernier exemple est révélateur d’un procédé narratologique remarquable : le propos de l’écrivain suisse allemand (« chercher une voix personnelle ») est immédiatement investi dans une évocation, dans une image (« la voix caressante d’une paysanne, de l’autre côté de la vallée »). Ce procédé est à vrai dire permanent et c’est un des traits de ce livre. Vous n’y trouverez absolument aucun dialogue, et pour une raison narratologique simple et très efficace : les discours des personnages sont tous et toujours intégrés au récit ; c’est qu’ils ne sont jugés intéressants par le narrateur que dans la mesure où ils viennent alimenter ses propos à lui. Cela produit quelque chose d’assez rare dans notre littérature, et qui fait d’ailleurs que ce livre est de la littérature : tous les niveaux du récits, tous les propos et tous les points de vue sont imbriqués comme des hydnes dans un seul propos, celui du narrateur.

Au demeurant, la « Voix off » de ma dernière citation, cette image attribuée à l’écrivain suisse allemand, est une véritable mise en abyme du roman de Jean-Pierre Rochat dans le discours rapporté d’un personnage.

Un peintre, un photographe peut demander à n’importe quelle beauté de poser, mais un écrivain, c’est pas dans ses mœurs, madame de poser nue pour moi, pendant que j’écris, vas-y bouge un peu. Là tu dis j’écris. Spontanément on ne regarde qu’avec les yeux et le bout du crayon remonte l’intérieur, tendre intérieur des jambes. Si l’écri­vain se promène, il me dit c’est la leçon du bonheur, le payant qui trait sa vache.

Cela donne, on le voit, des phrases remarquablement contournées. Là encore, ce livre – et je parle maintenant de la langue qui le constitue et qui à vrai dire en fait la substance – ce livre peut nous induire gravement en erreur. Au début de ma lecture, j’ai cru qu’il était écrit à la hache, voire à la tronçonneuse, comme sont faites certaines sculptures de forestiers, et cela me procurait un grand plaisir, car il en résultait un ton que je n’avais jamais entendu ailleurs. Je voyais bien pourtant qu’on était très loin d’une écriture brute, que la plume tronçonneuse était maniée avec une grande virtuosité, qu’un ciseau prenait tôt ou tard la relève, pour les finitions, et même le scalpel, parfois, pour d’infimes détails. Mais le plaisir subsiste, car quand bien même, par un effort d’attention on aurait scruté cette écriture, qu’on en aurait pénétré quelque peu les secrets, elle garde toute sa force de séduction, parfois sa force tout court.

Traité de poétique, le roman de Jean-Pierre Rochat l’est également par ceci que la littérature y est souvent mise en crise. Le rapport du livre et du monde n’y est pas toujours à l’avantage de la littérature. Qui plus est, on trouve dans L’écrivain suisse allemand le personnage du lecteur sceptique dans son espèce la plus dangereuse, et c’est la femme du paysan narrateur qui le joue.

Le vieux pêcheur dans La beauté sur la terre. Le vieux s’excite mais touche pas la nana, lui donnant une dimension mystique : ouais, ouais, c’est ça, dirait ma femme.

Ou bien ceci :

Les deux, l’écrivain et le paysan, l’écrivain avait raconté plus tard que nous avions été dans le soleil et que nous en avions ramené un bout. Ça prête à rigoler, surtout ma femme, hyper pragmatique, si jolie paysanne, elle dit : j’t’en fous un bout de soleil, elle ne voulait pas comprendre l’étroite marge de manœuvre.

L’étroite marge de manœuvre entre le monde réel et le livre, l’étroite marge de manœuvre entre le sens propre et le sens métaphorique des mots, c’est bien là que se joue la littérature, et c’est là que va se jouer la vocation d’écrivain du narrateur.

Ou bien encore :

Maintenant je lis. Ma femme me dit t’es pas bien ? T’as pas vu que tous les autres ont commencé les foins ?

Et c’est tout à fait cela : le narrateur lit puis devient écrivain au risque de mettre son état de paysan en péril.

Ma femme me dit : t’étrilles plus les vaches ? Non, j’ai pas le temps. T’as plus que le temps d’étriller la collection complète de tous ces pingouins de la Pléiade ?

Mes passions, justement, mes vaches ; je me dis, à quoi bon courir après tel taureau alors qu’on en a un à l’écurie. Je suis moins perfectionniste, alors attention, le fromage ne pardonne pas la distance, il faut être là et là et trois fois là, je lui dis en courant à la descente.

peut-être que je peux me mettre à l’écrire maintenant au milieu de la nuit remplie de grillons, ou est-ce le néon. L’écrivain me pousse au bord du nid, maintenant vas-y tout seul, arrête d’étouffer ta voix.

Là, notre narrateur est en train de devenir l’auteur du livre que nous lisons. Grillons ou néons, c’est une autre étroite marge de manœuvre ; il reste encore un doute quant à la réalité dont il faut parler (nuit remplie de grillons) et quant à son rapport avec l’écriture (ou est-ce le néon ?). Alors, Jean-Pierre sur l’Alpe (uf dhr Alp) ressent la même chose que Marcel sur les pavés irréguliers de l’hôtel de Guermantes. Et si Proust clôt ses 3000 pages sur le mot « le temps », Rochat finit par cette phrase Oui tout va bien, on est assis et on peut se regarder.

« Se regarder » – le moment est peut-être venu de poser le rapport que l’auteur fictif de L’écrivain suisse allemand entretient avec l’au­teur qui a tenu la plume, à Jean-Pierre Rochat. Quand on a lu ce livre et – mettons – les articles que Le Temps a consacrés à son auteur, la tentation est grande de chercher Rochat derrière le narrateur sans nom de L’écrivain suisse allemand. Prenons garde cependant ! Il y a tant de rapports évidents entre les deux, que le risque d’assimilation guette à chaque pas. Mais à quoi pourrait conduire l’illusion référentielle qui nous ferait voir dans M. Rochat, ici présent, le paysan narrateur de son livre ? A des impasses, et il vaut mieux considérer que L’écri­vain suisse allemand est une pure fiction, ses rapports exacts avec la réalité que vit Jean-Pierre Rochat ne pouvant être connus que de lui seul.

Passons donc brièvement du narrateur sans nom à l’auteur Jean-Pierre Rochat. Je trouve tout à fait fascinant de voir un écrivain être tout à fait paysan, et plus encore de voir un paysan être tout à fait écrivain. Il n’y a place ici pour aucun dilettantisme, ni du côté de la paysannerie, ni du côté de la littérature. Jean-Pierre Rocaht, bien plus assurément que le personnage de narrateur sans identité mais à la forte personnalité qui est son porte-voix littéraire, Jean Pierre Rochat est à la fois écrivain et paysan ; « à la fois » est impor­tant, et tous les discours tenus à propos de notre auteur le disent, mais c’est dans le livre, dans ce reflet éminemment littéraire de ce qu’est notre auteur, qu’on s’en avise le plus fort : ce n’est pas successivement ou alternativement, c’est à la fois, c’est en même temps, et qui plus est de façon permanente que l’auteur de notre livre lauréat est écrivain et paysan. Et du point de vue qui seul nous intéresse, la littérature, cela se marque, dans son livre, par le mélange permanent des points de vue, comme je l’ai dit déjà, par la superposition rusée, finaude, espiègle, narquoise, voire matoise des points de vue et ce mélange des voix donne à L’écrivain suisse allemand un sel vraiment très attique.

Je disais ma liberté, je répétais bêtement, ma liberté, c’est ma foi en la montagne, ça ne voulait strictement rien dire, formule, langue de bois, mais l’écrivain disait si, si, ça fait sens. Oui mais je l’en­viais quand même, quand il fermait la porte de sa caravane et qu’il partait pour le monde des nou­velles aventures, alors que nous, c’était pas original, on purinait le pâturage du bas. Et cette histoire: les femmes venaient à lui comme les enfants à Jésus, une histoire véridique, j’en étais témoin, il avait qu’à dire oui ou non, et même s’il refusait, il savait y faire pour ne pas l’exclure du fan club, elle repartait avec une belle dédicace bien personnalisée. Il devenait jamais méchant, l’ai-je vu devenir méchant? L’avez-vous vu furieux? la biographe. Oui, militant écolo de l’heure hippie, il s’offusquait, s’étranglait de toutes les pollu­tions, mortelles randonnées, il nous souhaitait paix et amour. En fait, j’espérais lui schmarotser un petit bout de son don. Son art de la séduction par 1’écriture, un envoûtement, c’est rare et c’est cher, son éditrice s’est pliée en quatre pour le garder: papier recyclé, et savez-vous que nous sommes de la Forêt Noire ? L’envoûte­ment, tu sais, tu vas chercher le lecteur où il est, par étapes, (tu l’attends pas bêtement en sanscrit), comme tu ramènerais un veau né dehors, en le posant dans la clairière, en appelant la mère : suis-moi s’pèce de cloche.

Cette coalescence du statut d’écrivain et du statut de paysan, on voit dans la dernière phrase du passage cité qu’on la poursuit jusque dans la théorie littéraire de notre héros.

Et voici qu’une dernière fois Proust se présente à nous. Car si le projet de son vaste roman est à chercher bien loin en arrière dans l’œuvre de son auteur, de même L’écrivain suisse allemand est en germe dans l’œuvre bien antérieure de Jean-Pierre Rochat. J’ai eu la bonne fortune de retrouver une nouvelle publiée voici vingt-trois ans dans Relève, anthologie de jeunes auteurs jurassiens, parmi lesquels se trouvent d’ailleurs deux autres Prix Dentan. Le héros de cette nouvelle, intitulée Bo !, est changé successivement en chien, en crapaud, en arme à feu, en vache à lait. Puis on lit des choses telles que ceci : « Il m’arrive aussi d’être transformé en paysan-écrivain. » « Je me dis, je vais écrire un roman. » « Une histoire d’amour. C’est ça, une histoire d’amour. L’amour ça peut être vachement cul-bidon si c’est pas senti jusqu’à la courbe tendue qu’on a au fond de soi. » « Le titre c’est roman. […] Ou le roman du paysan qui voulait écrire un roman. » « J’essaierai d’arriver au bout du roman, pis c’est pas important, l’important c’est la goutte d’eau du vase qui déborde. »

Mesdames et Messieurs, avec l’appui du Cercle littéraire de Lausanne, et grâce à générosité de la Fondation Coromandel de Genève, j’ai le grand plaisir de remettre à Jean-Pierre Rochat pour son roman L’écrivain suisse allemand, le Prix Michel-Dentan 2013.